MEMOIRS DE LA SOCIÉTÉ LITTERAIRE ET PHILOSOPHIQUE DE MANCHESTER

VOLUME V, 1Ère PARTIE

 

FAITS EXTRAORDINAIRES LIÉS A LA VISION DES COULEURS

AVEC SES OBSERVATIONS

Par Mr. John Dalton.

31 Octobre 1794

 

Il a été observé, que nos idées de couleurs, de sons, de goûts, etc. excités par le même objet peuvent être très différentes, sans que nous en soyons conscients ; et que nous pouvons néanmoins avoir une discussion intelligente concernant ces objets, pour être sûres que les impressions que nous en avons, sont exactement similaires. Ce qui est sûre, c’est que le même objet doit faire la même impression sur chaque esprit et que les objets qui paraissent différents pour les uns devraient l’être également pour d'autres. Cependant, nous pouvons supposer, que deux objets quelconques, qui sont tous les jours devant nous, sont semblables pour une personne et sont très différent pour une autre, ce qui suggère une différence dans leurs facultés de leur vision. Pourtant, le fait est là, non seulement pour moi, mais pour beaucoup d’autres personnes aussi, tel qu’il apparaîtra dans les prochains paragraphes.

Bien que je ne puisse pas faire en faire la preuve, j’ai toujours été d’avis que plusieurs couleurs sont mal nommés. Le terme Rose, en référence à la fleur du même nom, me semblait approprié, mais lorsque nous substituons le Rose par le Rouge, le terme est impropre ; selon moi, il aurait dû être Bleu, le Rose et le Bleu me paraissent presque similaires, tout comme le Rose et le Rouge n’ont point commun.

Dans le cadre de mon application aux sciences, l’optique m’a nécessairement demandée de l’attention ; et j’ai fait connaissance avec la théorie de la lumière et les couleurs avant d’être informé des particularités de ma vision. Je ne m’attendais pas à de si grandes différences entre couleurs, pour moi leur classement devenait complexe. Depuis 1790, l’étude occasionnelle de la botanique m’obligeait à porter davantage d’attention aux couleurs, plus qu’avant. En ce qui concerne le Blanc, le Jaune ou le Vert, je les distingue parfaitement. Cela m’apparait plus difficile pour le Bleu, le Violet, le Rose et le Pourpre, en accord avec ma vision du bleu. J’ai souvent demandé sérieusement à une personne si une fleur était Bleue ou Rose, et j’ai été considéré comme un plaisantin. Malgré cela, je n’ai jamais prêté attention à la particularité dans ma vision jusqu'à ce que j’observe la couleur d’un Géranium à la lumière des chandelles, à l’automne 1792. La fleur Rose me semblait Bleu Ciel à la lumière du jour mais pas à la lumière des chandelles, j’ai été surpris de voir qu’elle n’était pas du tout bleue, c’est pour cela que je l’ai appelé Rouge, une couleur qui forme un contraste saisissant par rapport Bleu. Pour ne plus douter, et que le changement de couleur soit égale à tous, j'ai demandé certains de mes amis d’observer le phénomène ; lorsque j’ai été surpris qu’ils soit tous d’accords, que la couleur n’était pas sensiblement différente de ce qu’elle était à la lumière du jour, sauf mon frère qui l’a vu dans la même vision que moi. Cette observation prouve clairement que ma vision n’est pas comme celle des autres — et, en même temps, que la différence entre la lumière du jour et celles des chandelles, sur certaines couleurs, était plus perceptible pour moi que pour d’autres. Ca fait près de deux ans depuis cette époque que j’ai entrepris une enquête sur le sujet, après avoir obtenu l’aide d’un ami ayant sa propre connaissance de la théorie des couleurs qui se joint à une connaissance pratique de leurs noms et les constitutions.
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